La Sainte Famille, coeur du sujet
Je débute l’écriture de cet article en la solennité de Saint Joseph, un saint bien connu des célibataires, car il a un pouvoir d’intercession tout particulier pour aider à trouver l’âme sœur.
L’âme sœur. C’est étonnant quand on y pense, cette expression. L’âme sœur, c’est bien ce qu’était Marie pour Joseph. Ils se sont aimés d’un amour chaste, continent et fraternel, élevant ensemble cet enfant si précieux. La Sainte Famille est l’image même d’un amour pur, tendre, plein.
Il semble peut-être étrange de débuter l’écriture d’un article sur le célibat en parlant de la Sainte Famille. Pour moi c’est pourtant le cœur du sujet.
Le célibat, lorsqu’il est non choisi, est souvent assimilé à une attente, plus ou moins longue et douloureuse. Le célibat non choisi peut générer de nombreuses angoisses : celle de ne pas se sentir aimable, celle de ne pas accomplir son appel et son désir profond d’être époux et parent, celle de devoir affronter une forme de solitude toute sa vie, celle de ne pas être validé et légitimé par la société.
Je suis une femme célibataire de 29 ans. Ces angoisses, je les connais bien. J’aspire à me marier pour pouvoir aimer un compagnon en Dieu, pour pouvoir construire avec lui un foyer rempli d’amour, de joie, de rires d’enfants. J’aimerais être épouse et mère, et que notre famille puisse être un reflet de l’amour de Dieu pour les autres. Je voudrais être aimée de corps et de cœur, et aimer de la même façon en retour.
Quand j’étais adolescente, je voulais me marier à 21 ans, pour pouvoir avoir une ribambelle d’enfants. Les choses ne se sont pas passées comme je l’avais rêvé.
Aujourd’hui, je ne peux pas dire avec certitude que je serai épouse et mère un jour. La possibilité que mon célibat perdure est existante. La possibilité que je sois épouse sans être mère aussi d’ailleurs, certains couples connaissent des difficultés pour avoir des enfants.
Mon avenir : dans le coeur de Dieu
Je ne peux pas connaître mon avenir. Je sais néanmoins qu’il est dans le cœur de Dieu.
Par contre, je connais mon passé et mon présent. De mon passé, je retiens que Dieu m’a toujours aimée, et qu’Il a toujours conduit mes pas, même dans les temps d’épreuve. Quand je relis ma vie, je vois combien son action a été amoureuse et efficace. Dans mon présent, je vois aussi sa présence, à travers le travail que je fais et qui me plaît, à travers la présence à mes côtés de mes amis et de ma famille.
Ma vie présente est pleine de rires d’enfants : ceux dont je m’occupe dans mon travail, ceux de mes neveux et nièces, ceux de mes cousins.
Ma vie présente est pleine d’amour, celui de mes amis en particulier que je vois au quotidien, qui m’acceptent et m’aiment comme je suis, malgré mes nombreux défauts ! Celui de ma famille, depuis ma naissance jusqu’à aujourd’hui. Celui de Dieu, qui est ma respiration.
Ma vie présente n’est pas celle que j’avais rêvée pour mes 29 ans, mais elle est belle.
Et oui, j’ai appris à savourer mon célibat.
Je savoure le fait que je puisse partir en week-end à l’autre bout de la France sur un coup de tête, sans me préoccuper de devoir prévoir pour ça toute une organisation familiale. Le fait de pouvoir continuer à être pleinement disponible pour mes amis, célibataires ou non. Je savoure le fait de pouvoir sortir le soir sans payer de baby-sitter, de pouvoir faire des grasses matinées, de pouvoir passer mes week-ends en vadrouille si je le souhaite.
Je savoure le fait d’avoir le temps d’écrire cet article, et plus largement d’avoir plus de temps pour être disponible pour les services que l’on peut me demander.
Le célibat peut être doux, lorsqu’il est vécu dans le présent, du moins c’est ce que j’expérimente. Il me permet d’entretenir des liens avec de nombreux amis, d’être disponible pour eux, de me donner pleinement dans mon travail qui me passionne, d’avoir du temps pour Dieu et pour les autres. Il peut être une source de liberté. Si je veux démissionner et partir de Paris demain, je peux le faire.
Evidemment, mon célibat est doux aussi parce que j’ai de nombreux amis qui partagent encore cet état de vie et que nous nous voyons souvent. Peut-être que dans dix ans ce sera différent. Mais se dire ça, c’est sortir du présent, et c’est là que le célibat devient douloureux. Dans mon cas, les angoisses du célibat réapparaissent quand je pense à l’avenir.
Heureusement, le Seigneur m’a fait une grâce il y a trois ans. A ce moment-là, mon célibat était lourd à porter, d’autant plus que, certaine d’être appelée au mariage, j’avais l’impression que je ne remplissais pas la mission que Dieu me confiait, et à l’angoisse de la solitude se rajoutait une certaine culpabilité. Mais au cours d’une prière à ce sujet, j’ai compris que rien, jamais, ne pourrait empêcher Dieu de me rendre heureuse. J’ai compris qu’Il serait toujours présent dans ma vie, quoiqu’il arrive. Ce fut une libération.
Le Seigneur m’appelle au mariage. Si pour une raison ou pour une autre je ne me marie pas (à cause de mes blessures, d’un mauvais timing, ou de toute autre raison humaine), le Seigneur me voudra heureuse quand même. Il sera présent quand même. Et son action ira vers mon bonheur, même dans le célibat. Même si dans 20 ans je ne suis pas mariée et que tout espoir d’être mère s’envole, j’aurai toujours, à mes côtés, le plus grand Amour de ma vie, le Christ.
Et cette pensée me remplit de réconfort et de joie.
Je travaille tous les jours auprès d’enfants, ce que je considère comme un acte de miséricorde du Seigneur qui sait combien j’aime leur présence. Ma carrière professionnelle est dédiée à l’enfance, et cela ne changera pas. Il y a de nombreux enfants dans mon entourage familial et amical. Quand bien même je ne suis jamais mère, j’aurais eu la joie de vivre en lien avec des enfants, et peut-être, à mon humble mesure, je leur aurais apporté quelque chose.
On peut être mère aussi auprès de ses amis, en étant une présence, un réconfort. On peut être mère de multiples façons. Et quelque part, je le suis déjà. Toute femme fait usage de son instinct maternel, consciemment ou non, dans ses relations aux autres. J’imagine qu’il en va de même avec les hommes. J’ai d’ailleurs en tête des modèles d’hommes, célibataires, de qui se dégage une vraie présence paternelle.
Joseph, modèle du père par excellence
C’est là que l’on revient à la Sainte Famille. Saint Joseph est le père par excellence. Il l’est pour moi, en tout cas. J’aimerais, si je me marie, que mon époux ait ses qualités. Car il est aussi le compagnon par excellence. Sainte Marie n’a été mère qu’une fois dans sa chair, et pourtant elle est la mère de toute l’humanité.
Voici l’exemple que nous donne Dieu comme couple parental : un père adoptif, marié à une femme qu’il aime comme sa sœur, laquelle est vierge et pourtant mère de chacun de nous.
C’est pour cela que je vous disais que la Sainte Famille était au cœur du sujet du célibat. Un célibataire qui n’a pas choisi son célibat se demandera souvent quel fruit il porte. Dieu nous montre à travers la Sainte Famille qu’un amour peut être fructueux sans être charnel.
Bien sûr, Saint Joseph et Saint Marie étaient réellement époux et femme, et de ce fait n’étaient pas célibataires. Ils ont élevé Jésus et étaient réellement ses parents, Saint Joseph y compris.
Mais ils ont aimé et porté du fruit en dehors du cadre habituel du mariage et de la famille. Dans un modèle qu’ils n’ont pas choisi, mais qu’ils ont accepté, ce qui nous a tous sauvés.
C’est ce qui me donne confiance aujourd’hui. Je ne porte pas le fruit que j’avais imaginé porter à 29 ans, mais je crois fermement que le Seigneur agit à travers moi, et pour moi, quand j’ouvre mon cœur à sa grâce. Le fruit que je porte, je ne le connais pas. Comme mon avenir, il est caché dans le cœur de Dieu.
Mais ce que je sais, c’est qu’aujourd’hui, je suis une célibataire heureuse.
Comme mon avenir, il est caché dans le cœur de Dieu.
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